Viols de Mazan : Dominique Pelicot reconnaît être un violeur
Dominique Pelicot, accusé d’avoir drogué sa femme pour la faire violer par des hommes pendant dix ans, s’est exprimé devant la cour criminelle d’Avignon ce mardi 17 septembre. Il a reconnu les faits, déclarant être « un violeur » comme tous ses coaccusés dans la salle. Le septuagénaire a également demandé pardon à son épouse, qui « ne méritait pas ça ».
Après son hospitalisation pour des problèmes de santé, Dominique Pelicot s’est exprimé devant la cour criminelle d’Avignon ce mardi 17 septembre. Aidé d’une canne, le septuagénaire a témoigné à la barre pour la première fois depuis le 2 septembre. Ces derniers jours, il était dispensé d’audiences à cause de son état de santé. D’après son avocate Béatrice Zavarro, il souffre de coliques néphrétiques. Elle avait dénoncé une prise en charge « lamentable » de son client.
Dix ans de viols et de soumission chimique
Dominique Pelicot est accusé par sa femme de l’avoir droguée aux anxiolytiques pour ensuite la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur internet. Il aurait agi ainsi pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020. S’il a déjà reconnu les viols, l’homme ne s’était encore jamais expliqué en détail depuis l’ouverture de ce procès, il y a deux semaines. Pour sa première prise de parole ce mardi, il a dit « reconnaître les faits dans leur totalité », après que le président de la cour criminelle lui a lu les faits qui lui sont reprochés.
Dominique Pelicot « demande pardon, même si ce n’est pas acceptable »
« Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle », a avoué le principal accusé dans l’affaire des viols de Mazan. Ces hommes dans la salle, dont il parle, ce sont ses coaccusés, au nombre de cinquante et âgés de 26 à 74 ans. Dominique Pelicot a ensuite déclaré que sa femme Gisèle « ne méritait pas ça », et lui a demandé pardon, « même si ce n’est pas acceptable ». Il a aussi admis que son épouse a « été merveilleuse », mais que lui a été complètement « à côté de la plaque pendant 10 ans, » après 40 ans de vie conjugale heureuse.
Des chocs et traumatismes dans son enfance
Interrogé sur les motifs de ses actes, Dominique Pelicot dit avoir agi par pur « plaisir » et peut-être par « perversion ». Toutefois, il a plaidé des chocs et traumatismes dans son enfance et sa jeunesse. À l’âge de 9 ans, il aurait été violé. Puis, à 14 ans, on l’aurait forcé à participer au viol collectif d’une jeune femme handicapée sur un chantier, où il travaillait en tant qu’apprenti. « J’avais toujours ces traumatismes derrière moi », explique-t-il avant de dire qu’« on ne naît pas comme ça, on le devient ».
Dominique Pelicot nie avoir fait violer sa fille Caroline
Dominique Pelicot a en outre confié avoir « essayé d’arrêter, mais l’addiction était plus forte » que la raison. « J’aurais effectivement dû arrêter plus tôt, et même pas commencer », a-t-il insisté. Par ailleurs, il a nié avoir infligé des abus à sa fille Caroline. « Je ne t’ai jamais droguée, ni violée. Ce n’est pas possible de dire ça. Je n’ai jamais fait ça », a-t-il juré. Enfin, l’accusé a dit « aimer toujours autant » ses enfants et comprendre que sa fille Caroline ait lancé son association #MendorsPas! pour lutter contre la soumission chimique. Cette initiative reçoit beaucoup de soutien de Français, qui ont d’ailleurs manifesté ce weekend contre la culture du viol.
« Pas une seule seconde je ne pouvais douter de cet homme »
La victime, Gisèle Pelicot, a écouté attentivement son ex-mari tout le temps de sa prise de parole. A la fin de sa déclaration, elle a baissé la tête comme assommée par tout ce qu’il venait de dire. « Pas une seule seconde je ne pouvais douter de cet homme » en qui « j’avais tout confiance » et que « j’ai aimé pendant 50 ans », a-t-elle affirmé à la barre lors d’une brève intervention. Le procès doit se poursuivre jusqu’au 20 décembre prochain. Les autres accusés seront aussi être entendus. Ils jurent que Dominique Pelicot les a manipulés pour les embarquer dans cette scabreuse aventure.