Etats Unis : les médicaments anti-obésité coupent l’appétit aux géants de l’agroalimentaire

Aux Etats Unis, le succès des médicaments anti-obésité jettent un froid sur les géants de l’agroalimentaire comme Coca Cola, PepsiCo, Walmart et Mondelez. Certains analystes financiers craignent qu’ils ne réduisent drastiquement leurs ventes à court terme. Mais d’autres estiment que ces produits ne devraient pas mettre en péril leur business pour diverses raisons.

Aux Etats Unis, pays de McDonald’s et de ses produits extra gras, la malbouffe fait des ravages depuis plusieurs années. Selon les statistiques officiels, au moins un tiers de la population adulte américaine souffre d’obésité. Pour freiner ce fléau, les autorités ont interdit en 2021 l’utilisation des acides gras « trans » (Pizzas, barres chocolatées, biscuits, popcorn) dans l’alimentation industrielle. Nocifs pour la santé, ces ingrédients sont responsables de nombreux accidents cardiaques.

Recul des ventes à cause des médicaments anti-obésité 

Cette mesure n’a pas inquiété le groupement américain des industries alimentaires (GMA), qui a plutôt exprimé sa satisfaction. La GMA a même promis de collaborer avec la FDA pour éliminer encore davantage ces graisses des aliments. Par contre, la déclaration de John Furner en octobre dernier a fait souffler un vent de panique parmi les géants de l’industrie agroalimentaire. En effet le directeur général du géant américain de la grande distribution Walmart a évoqué une étude interne selon laquelle les médicaments anti-obésité ont provoqué un léger recul du panier global. Seraient particulièrement touchés les rayons snacks, gâteaux et soda.

Chahut et trouble à la Bourse

Cette révélation a jeté un coup de froid sur la Bourse. Dans la panique, les groupes comme Nestlé, le plus grand fabricant mondial de produits alimentaires emballés, Walmart, Mondelez, PepsiCo et Coca-Cola ont vendu des actions. Les médicaments anti-obésité dont parle John Furner sont en fait des coupe-faim. Ils poussent à manger moins, surtout les produits gras. La plupart du temps, ces nouveaux venus de la pharmacopée sont prescrits diabétiques. Il s’agit notamment d’Ozempic, Wegovy, Novo Nordisk et Mounjaro. Compte tenu des populations concernées par l’obésité et le diabète, les géants de l’agroalimentaire pourrait perdre des milliards de dollars de ventes. D’où la panique dans leur rang.

Une réaction excessive des industriels ?

Mais Richard Saldanha, gestionnaire de portefeuille chez Aviva, pense qu’« il s’agit d’une réaction excessive ». Pour lui, « les gens extrapolent les habitudes de consommation à long terme ». Philippine Adam, analyste financière chez Bryan, Garnier & Co. partage cet avis. Selon lui, « les volumes ne devraient pas diminuer à court terme » en tout cas. En effet, l’usage des médicaments anti-obésité est encore peu répandu aux Etats-Unis comme ailleurs. Seulement 7% de la population américaine pourraient avoir adopté ces traitements d’ici 2035, d’après les analystes de Morgan Stanley. Ce qui laisse tout le temps aux agroindustriels de s’adapter.

Etude contre étude, lobby contre lobby

Aussi, l’adoption de ces médicaments devrait être lente car ils coûtent très chers, jusqu’à 1 000 dollars par mois. Tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir un tel traitement. En outre, les industriels pourraient tirer parti des études menées à ce jour sur ces coupe-faim. Certains remèdes auraient un rapport bénéfice risque négatif. On relève des effets secondaires multiples, dont les pancréatites, nausées et brûlures. Cependant, des contre études ont également révélé des effets positifs de ces sérums. Ceux-ci réduiraient par exemple le risque d’AVC de 20%. On voit donc clairement émerger une bataille de lobbys dans un proche avenir.

La transition déjà entamée pour certains groupes

Si les géants agroalimentaires tentent de rassurer leurs actionnaires sur les effets des coupe-faim, certains ont déjà entamé leur mue. C’est le cas de Nestlé qui a largement recomposé son portefeuille ces dernières années. La multinationale s’est notamment débarrassée de ses activités confiseries aux Etats-Unis auprès de Ferrero. Elle travaille également sur des produits qui accompagnent les médicaments amaigrissants. Il pourrait s’agir de suppléments pour aider à compenser la perte de masse musculaire et la reprise rapide de poids. Par ailleurs, l’industrie agroalimentaire américaine pourrait se tourner vers d’autres marchés qui n’ont pas encore de problèmes de malbouffe ou de surpoids. Comme l’Asie, en particulier l’Inde.

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