Croissance en berne : la Banque de France divise par deux sa prévision pour 2025

L’économie française patine. Pour la troisième fois en moins d’un an, la Banque de France révise à la baisse ses anticipations de croissance pour 2025. Dans un contexte international incertain et sous la menace de nouvelles barrières douanières, l’activité peine à retrouver un rythme soutenu.

La Banque de France se montre de plus en plus prudente quant à l’avenir économique du pays. Dans sa dernière note de conjoncture publiée ce mercredi, l’institution a abaissé sa prévision de croissance du PIB pour 2025, désormais fixée à 0,6 %, contre 0,7 % en mars dernier et 0,9 % en décembre. Il y a encore neuf mois, en septembre 2024, elle envisageait un rebond plus solide avec une hausse de 1,2 %. En l’espace de quelques trimestres, l’optimisme s’est donc nettement estompé.

Après une croissance déjà timide de 1,1 % enregistrée en 2024, la France semble se diriger vers une nouvelle année de stagnation. En cause : un ralentissement du commerce mondial et une série d’incertitudes géopolitiques, à commencer par la politique commerciale des États-Unis.

Trump et les droits de douane : une menace pour l’activité

L’un des facteurs pesant le plus sur les perspectives françaises est la politique douanière décidée par l’administration Trump. La Banque de France estime que les taxes additionnelles instaurées par Washington, ainsi que l’incertitude qu’elles suscitent, amputeraient la croissance française de 0,4 point de PIB entre 2025 et 2027. Ces droits de douane, actuellement fixés à 10 %, pourraient encore être relevés à l’issue d’une suspension temporaire de 90 jours, rendant le scénario envisagé par l’institution particulièrement vulnérable à l’évolution politique aux États-Unis.

Ce frein au commerce international affecterait particulièrement les exportations tricolores, dont la dynamique devrait être fortement ralentie l’an prochain. Toutefois, la France, moins dépendante des échanges avec les États-Unis que d’autres partenaires européens, limiterait en partie les dégâts. À l’échelle de la zone euro, la Banque centrale européenne prévoit un impact plus prononcé, estimé à -0,7 point de PIB.

Des jours meilleurs à l’horizon ?

Malgré ces nuages à court terme, la Banque de France entrevoit un regain de dynamisme à moyen terme. En 2026, la croissance du PIB est attendue à 1 %, puis à 1,2 % en 2027. Ces prévisions demeurent toutefois fragiles, car conditionnées à la stabilité du contexte commercial international et à une reprise progressive de la demande intérieure.

L’inflation en net repli, les salaires en avance

Bonne nouvelle pour les ménages : la hausse des prix continue de ralentir. Après avoir atteint 2,3 % en 2024, l’inflation, mesurée selon les standards harmonisés européens, devrait tomber à 1 % en moyenne en 2025. Cette accalmie s’explique principalement par une baisse marquée des prix de l’énergie, même si les produits alimentaires, eux, resteront sous tension en raison des négociations commerciales entre distributeurs et industriels et de la flambée de certaines matières premières comme le cacao ou le café.

L’inflation resterait par ailleurs modérée dans les années suivantes : 1,4 % en 2026, puis 1,8 % en 2027. Elle resterait donc en dessous de l’objectif de 2 % fixé par la Banque centrale européenne. Dans le même temps, les salaires progresseraient plus rapidement, de l’ordre de 2,3 % en moyenne par an entre 2025 et 2027, offrant un gain de pouvoir d’achat aux Français.

Le chômage stable à court terme, en légère baisse ensuite

Côté emploi, les évolutions prévues sont modestes. Le taux de chômage devrait légèrement augmenter en 2026, passant de 7,6 à 7,7 %, avant de refluer à 7,4 % en 2027. Un niveau qui demeure relativement élevé, traduisant la difficulté de l’économie française à créer suffisamment d’emplois pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail.

Une économie sous contrainte

Ce tableau d’ensemble brosse l’image d’une économie française sous tension, coincée entre un contexte mondial instable et des moteurs internes trop faibles pour générer un véritable rebond. Si l’inflation contenue et la hausse des salaires peuvent redonner un peu de souffle aux ménages, la faiblesse des exportations et le climat d’incertitude internationale continuent de brider la reprise.

La Banque de France, dans ses projections prudentes, envoie donc un message clair : sans amélioration rapide de l’environnement global, notamment sur le front commercial, la croissance française risque de rester durablement anémique.

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