Congrès du PS : trois candidats pour une gauche fracturée

Olivier Faure, Boris Vallaud et Nicolas Mayer-Rossignol s’affrontent pour diriger le Parti socialiste. Au cœur des débats : union, méthode et orientation.

Une gauche à réunir : l’union impossible ?

Au-delà de la fonction symbolique de premier secrétaire, la véritable bataille se joue autour de la recomposition de la gauche. Olivier Faure, fort d’un premier mandat où il s’est imposé comme l’artisan de la Nupes, défend la mise en place d’une plateforme programmatique large, de François Ruffin à Raphaël Glucksmann. Il veut ménager les alliances sans fusionner les identités, refusant l’intégration de LFI à cette architecture fragile. L’objectif ? Éviter le face-à-face mortifère de 2022 et fédérer les voix sans perdre l’ADN socialiste.

Boris Vallaud, quant à lui, assume une ambition similaire, mais avec un style plus consensuel. Il prône un rassemblement allant « de Glucksmann à Ruffin », sans verser dans l’alignement automatique sur les insoumis. Une position d’équilibriste qu’il cherche à incarner, espérant rallier les déçus des deux lignes dominantes. Nicolas Mayer-Rossignol, en revanche, se veut plus prudent : il rejette toute alliance avec François Ruffin, jugé trop éloigné du cadre de gouvernement. Il privilégie un dialogue plus étroit avec Place publique et les forces social-démocrates.

Derrière ces nuances se cache une crainte partagée : celle de l’éclatement durable d’un espace politique déjà exsangue. Les militants le savent, la présidentielle de 2027 se prépare aujourd’hui. Mais le consensus sur l’importance de l’union cache des divergences profondes sur son périmètre. Entre ambition fédératrice et refus d’un effacement programmatique, chaque camp trace sa frontière. Et aucun ne semble, pour l’heure, en mesure de rassembler durablement.

Une méthode, des méthodes : quelle voie vers 2027 ?

C’est une constante dans les rangs de la gauche : le débat sur la désignation du candidat est presque aussi virulent que celui sur le programme. Olivier Faure affiche sa préférence pour une primaire, tout en posant comme préalable un accord de fond. Selon lui, seul un socle programmatique commun peut légitimer une telle procédure. À ses yeux, le choix du candidat ne saurait précéder la définition du cap.

Nicolas Mayer-Rossignol s’inscrit en faux : pour lui, la priorité va aux élections municipales de 2026, considérées comme révélatrices des rapports de force. Il se montre réticent à l’idée d’une primaire nationale, qu’il juge inopérante et souvent contre-productive. Boris Vallaud adopte une position intermédiaire, sceptique lui aussi quant à la mécanique de la primaire, sans l’écarter totalement. Tous s’accordent néanmoins à reconnaître que LFI présentera son propre candidat, rendant le scénario d’un accord global incertain.

Ce désaccord sur la procédure trahit une ligne de fracture plus large : celle entre une gauche qui croit encore à l’architecture militante classique et une autre, plus intuitive, plus pragmatique, qui s’accommode de l’émiettement. La méthode, loin d’être un détail technique, devient alors le révélateur d’une stratégie : veut-on reconstituer un parti structuré ou simplement coexister dans un conglomérat électoral ? À cette question, les réponses sont aussi politiques que symboliques.

Relancer le PS : modernisation ou refondation ?

Le Parti socialiste est une maison fatiguée. À mesure que les militants vieillissent et que les effectifs s’étiolent, les appels à une rénovation de la vie partisane se multiplient. Tous les candidats en lice s’accordent sur une nécessité : sortir le PS d’une existence réduite aux campagnes électorales. Mais chacun trace un chemin distinct. Nicolas Mayer-Rossignol propose un Conseil scientifique, organe de réflexion pour nourrir les positions du parti sur des sujets à forte densité technique (IA, climat, énergie…).

Boris Vallaud veut quant à lui ouvrir une « Académie Léon Blum », à la fois lieu de formation et de réflexion stratégique. L’idée : armer les militants, redonner de la chair au débat interne, et faire du parti un outil de transmission politique. Olivier Faure, dans une veine proche, imagine une « Université permanente », plus institutionnelle, pensée comme un espace de production intellectuelle continue, en lien avec les combats du présent.

Si les trois hommes s’accordent sur le diagnostic, leurs propositions restent encore embryonnaires. La difficulté de relancer le PS ne tient pas seulement à son image, mais à la perte d’un récit collectif. Faut-il redevenir un parti de masse ? S’ancrer dans les territoires ? Séduire les jeunes diplômés urbains ? La réponse n’est pas tranchée, et c’est sans doute là que réside la principale faiblesse du congrès en cours : plus qu’un choix de personne, c’est un cap idéologique et organique qu’attendent les militants.



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