La Russie comme bouclier du pouvoir Kazakh

Les autorités du pays d’Asie centrale secoué par une violente crise sociale en ce début d’année peuvent compter sur la disponibilité de son voisin russe pour garder la main. Mais à quel prix ?

Il n’y a pas énormément de pays à même de se targuer d’un tel soutien de la part de la puissante et pernicieuse Russie. En quelques heures seulement jeudi 6 janvier, le Kremlin a déployé sous le couvert de l’OTSC (l’Organisation du traité de sécurité collective), alliance présidée par la Russie, 2 500 militaires au Kazakhstan. Objectif déclaré : aider le gouvernement à maintenir l’ordre face à des manifestations contre la vie chère dans la région occidentale du pays, qui se sont depuis transformées en un mécontentement général face à la corruption endémique et la mauvaise gouvernance au sommet de l’État.

Mais le président Kassym-Jomart Tokaïev, veut surtout éviter de perdre la face dans ce qui représente le premier test de sa jeune gouvernance. Car même si l’ancien diplomate de 68 ans n’est pas étranger aux arcanes du pouvoir pour avoir été plusieurs fois ministres entre autres, il est surtout resté dans l’ombre de l’ex-homme fort du pays, Noursoultan Nazarbaïev. C’est le départ surprise de ce dernier qui l’a d’ailleurs propulsé au-devant de la scène, non sans un certain scepticisme quant à sa capacité à tenir les rênes.

Occasion rêvée

L’enjeu est donc de se montrer suffisamment ferme, dans un Kazakhstan réputé pour sa culture autoritaire. Peu importe si cela demande de sacrifier d’une certaine manière, la souveraineté du pays, acquise en 1991 seulement. Puisqu’il est difficile de voir autrement cet appel à l’aide lancé à Moscou. L’occasion rêvée pour une Russie qui a pris ces derniers temps, un malin plaisir à étendre ses prérogatives au-delà de ses frontières. Au grand dam des États-Unis et autres membres de la communauté internationale qui multiplient les cris d’orfraie. Avec le déploiement de ses troupes à Astana, c’est en effet la quatrième fois en deux ans seulement que Vladimir Poutine intervient dans un pays voisin, après la Biélorussie, l’Arménie et l’Ukraine.

L’objectif cette fois-ci reste d’empêcher que la chienlit ne s’installe dans un Kazakhstan à l’importance géostratégique non-négligeable. Situé entre la Russie et la Chine, le pays dispose de riches réserves en hydrocarbures et en métaux précieux. Ce qui en fait la plus grande puissance économique d’Asie centrale. Un voisin trop précieux pour Moscou qui y dispose de nombreux intérêts.

L’ère soviétique n’est peut-être pas si révolue que ça.

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