Un plan pour attirer les femmes vers les métiers agricoles

Annie Genevard veut féminiser l’agriculture afin de contrer le vieillissement des exploitants et assurer la relève générationnelle.
L’agriculture française face au défi démographique

La France agricole connaît une véritable bombe à retardement démographique : d’ici 2030, près de la moitié des exploitants recensés en 2020 auront atteint l’âge de la retraite. Ce basculement brutal pose la question de la relève et menace la stabilité de l’approvisionnement alimentaire du pays. Dans un secteur où les successions sont souvent familiales, mais de moins en moins assurées, la ministre tire la sonnette d’alarme.

Aujourd’hui, les femmes représentent à peine un quart des chefs d’exploitation et 29 % des actifs agricoles permanents, un chiffre en recul depuis 2010. Pourtant, leur présence est cruciale pour dynamiser un secteur en perte d’attractivité. La ministre de l’Agriculture veut inverser cette tendance et faire des femmes un levier stratégique pour le renouvellement des générations agricoles.

Le monde agricole peine encore à séduire les jeunes, et plus encore les jeunes femmes. Le travail physique, les contraintes horaires et les revenus incertains continuent de décourager. Or, dans une société en quête de sens, l’agriculture pourrait être perçue comme une voie d’indépendance et d’innovation. Encore faut-il briser les barrières symboliques et sociales qui en restreignent l’accès.

Lever les freins qui pèsent sur les femmes agricultrices

L’un des principaux obstacles réside dans la conciliation entre vie familiale et travail agricole. La maternité est souvent perçue comme incompatible avec la gestion d’une exploitation, faute de dispositifs de remplacement ou de soutien à la parentalité suffisamment développés. En proposant des mesures concrètes pour alléger cette charge, la ministre entend rendre la carrière agricole plus compatible avec les aspirations féminines.

Au-delà des contraintes matérielles, subsistent des représentations sociales ancrées : l’idée que l’agriculture serait « un métier d’homme » demeure vivace. La force physique est encore brandie comme un critère déterminant, occultant les avancées technologiques qui modernisent les tâches. C’est cette culture de la méfiance qu’Annie Genevard veut attaquer de front, en valorisant les réussites féminines et en changeant l’image du métier.

Autre frein : la pénibilité. Les femmes agricultrices subissent souvent un double fardeau, professionnel et domestique, aggravé par des conditions de travail encore difficiles. Le plan prévoit donc des améliorations en matière de santé et de sécurité, pour créer un environnement où l’égalité ne se limite pas aux intentions, mais s’incarne dans les pratiques quotidiennes.

Former, accompagner et sécuriser l’avenir des exploitantes

La ministre veut frapper à la racine du problème : l’éducation. Former et sensibiliser les filles dès l’école et l’enseignement agricole, leur donner accès à des modèles féminins dans ce secteur, est un levier essentiel. L’agriculture ne doit plus apparaître comme une voie improbable, mais comme un choix professionnel légitime, valorisant et accessible.

La question de l’accès au foncier et des financements reste centrale. Trop de femmes peinent à obtenir les prêts nécessaires ou à s’insérer dans les réseaux de transmission. Le plan d’action entend renforcer les mécanismes de soutien et de mentorat, pour que les jeunes agricultrices puissent s’installer avec la même légitimité que leurs homologues masculins.

Enfin, la sécurisation du statut professionnel et des retraites constitue un pilier majeur. Trop de femmes travaillant dans les exploitations restent sans statut clair, dépendantes de leur conjoint et donc fragilisées. En améliorant leur reconnaissance juridique et sociale, Annie Genevard veut donner aux agricultrices un avenir plus stable, condition indispensable pour attirer durablement de nouvelles générations.



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