Incendie dans l’Aude : un tiers des forêts de l’été déjà parti

En moins de 24h, un feu fulgurant a dévoré 13 000 hectares dans les Corbières, faisant de l’incendie de Ribaute le plus vaste du pays depuis début juillet.
Une propagation fulgurante malgré l’intervention massive

Le feu s’est déclaré mardi 5 août à 16h15 dans le massif des Corbières, à proximité de Ribaute. En moins d’une journée, les flammes avaient déjà parcouru plus de 13 000 hectares, selon le porte-parole de la sécurité civile du département. Cette évolution fulgurante a surpris les autorités locales malgré une mobilisation rapide des sapeurs-pompiers. Le paysage s’est transformé en champ de cendres en quelques heures à peine, et la progression du feu semblait encore « très active » le mercredi 6 août.

Face à l’ampleur de l’incendie, les moyens terrestres et aériens ont été engagés massivement. Cependant, malgré l’expérience des sapeurs-pompiers et la rapidité des premières interventions, le brasier a échappé à tout contrôle. Les autorités parlent désormais d’un « feu exceptionnel », seuil franchi dès lors que les 10 000 hectares sont dépassés. À titre de comparaison, cette surface équivaut à celle de Paris intra-muros.

L’incendie de Ribaute s’impose aujourd’hui comme le plus vaste de l’été 2025 en France. À lui seul, il représente environ un tiers de la surface brûlée par les feux de forêt dans l’Hexagone depuis début juillet. Une ampleur qui alarme les spécialistes et confirme une tendance lourde d’aggravation des épisodes extrêmes sous l’effet combiné du climat, de l’abandon de certains territoires et de la vulnérabilité accrue des paysages.

Les Corbières : un terrain hautement inflammable

Le massif des Corbières est couvert de garrigue méditerranéenne : broussailles, arbustes secs, plantes aromatiques gorgées d’huiles essentielles comme le romarin. Ce type de végétation, très inflammable, alimente une combustion rapide et difficilement contrôlable. À cela s’ajoutent les résineux et les pins, qui s’embrasent à grande vitesse, transformant le paysage en brasier à ciel ouvert.

Historiquement, la vigne occupait une place importante dans ce territoire, jouant un rôle de frein naturel contre la propagation des feux. Mais les campagnes d’arrachage menées ces dernières années ont diminué cette couverture végétale plus résistante. Désormais, les flammes ne rencontrent plus ces remparts naturels, laissant place à une continuité de combustible ininterrompue.

Le relief vallonné du massif joue un rôle critique. Les pentes favorisent un phénomène de convection : les gaz chauds montent rapidement, enflammant la végétation en hauteur avant même que les flammes n’y parviennent directement. Cette dynamique verticale accélère considérablement la vitesse de propagation, rendant toute stratégie de défense au sol encore plus complexe.

Vent, sécheresse, climat : la triple peine audoise

L’Aude est l’un des départements les plus venteux de France. La tramontane, vent sec soufflant du nord-ouest, agit comme un souffle accélérateur : elle assèche la végétation, pousse les braises, crée des départs de feu secondaires et rend l’action des moyens aériens plus difficile. Ce rôle du vent dans l’incendie est confirmé par les services de sécurité civile.

La région subit une sécheresse chronique. Le sol, la végétation, l’air : tout est à l’image de cette aridité persistante. Ce déficit hydrique rend la garrigue encore plus inflammable. Le cocktail est explosif : le feu ne trouve plus aucun obstacle naturel, ni humidité, ni végétation protectrice pour ralentir sa course.

Entre la Méditerranée et le Massif central, l’Aude forme une sorte de couloir géographique. Ce positionnement génère une concentration des flux d’air, amplifiant le rôle du vent. Dans un tel contexte, avec une végétation sensible, un relief accidenté et une sécheresse établie, les feux trouvent un terreau idéal pour devenir des mégafeux, comme ceux recensés en Amérique du Nord. Ce 5 août 2025, les Corbières en ont offert un exemple criant.



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