Olivier Marleix, député, s’est donné la mort
Ancien président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix s’est suicidé lundi 7 juillet à son domicile d’Anet, en Eure-et-Loir. À 54 ans, cet homme de convictions et d’expérience laisse derrière lui un profond vide au sein de sa famille politique et une onde de choc dans le paysage parlementaire français.
Une disparition brutale
Le décès d’Olivier Marleix a été confirmé dans la soirée de lundi par plusieurs sources parlementaires, après que son corps a été retrouvé par les gendarmes, pendu, dans une pièce à l’étage de son domicile. Les forces de l’ordre avaient été alertées par la maire d’Anet, commune qu’il avait dirigée de 2008 à 2017, inquiète de ne pas réussir à le joindre.
Le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier, a indiqué qu’une enquête en « recherche des causes de la mort » avait été ouverte. Une autopsie sera pratiquée dans les prochains jours, mais aucun élément ne semble pour l’instant contredire la thèse du suicide. Le geste, aussi soudain que tragique, a laissé ses proches, ses collègues et de nombreux élus sous le choc.
Un élu engagé, enraciné dans son territoire
Olivier Marleix était député d’Eure-et-Loir depuis 2012. Issu d’une famille politique – son père, Alain Marleix, fut lui aussi député et secrétaire d’État – il s’était construit une réputation d’homme rigoureux, discret mais ferme dans ses convictions. Maire d’Anet pendant près d’une décennie, il incarnait une droite de terrain, attachée à ses racines locales et à une vision exigeante de la République.
Proche de Michel Barnier, il s’était imposé au sein de l’appareil LR comme une voix respectée. De 2022 à 2024, il présida le groupe Les Républicains à l’Assemblée, dans une période complexe pour le parti, tiraillé entre lignes modérées et droitières. À ce poste, il avait tenté de maintenir l’unité tout en affirmant une opposition ferme à Emmanuel Macron.
Une ligne politique claire, parfois solitaire
Olivier Marleix n’a jamais fait mystère de son hostilité à la politique d’Emmanuel Macron, qu’il accusait de brouiller les repères idéologiques. Pourtant, il avait su adopter des positions nuancées : en 2023, il avait appelé les députés LR à voter en faveur de la réforme des retraites, au nom de la responsabilité politique. Une consigne qui avait divisé son groupe, plusieurs élus refusant de la suivre.
Récemment, il avait soutenu la candidature de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains, face à Laurent Wauquiez, son successeur à la tête du groupe parlementaire. Fidèle à une droite républicaine, institutionnelle et parlementaire, Marleix incarnait une forme de conservatisme calme, souvent à contre-courant des discours plus radicaux.
Une classe politique sous le choc de la disparition d’Olivier Marleix
Les réactions à sa disparition ont rapidement afflué, venues de tous bords. Sur X (ex-Twitter), Emmanuel Macron a salué un « homme politique d’expérience » qui « défendait ses idées avec conviction ». Le président de la République a insisté sur « le respect de [leurs] différends », soulignant que ceux-ci s’inscrivaient dans « l’amour commun du pays ».
François Bayrou, Premier ministre, a exprimé sa « stupeur » et sa « profonde tristesse ». De nombreux députés, collègues ou adversaires, ont également salué un homme respecté, dont l’engagement ne faisait aucun doute. Chez Les Républicains, l’émotion était palpable. Bruno Retailleau a évoqué « une perte immense pour notre famille politique », tandis que Laurent Wauquiez s’est dit « bouleversé ».
Les questions sans réponse
Ce drame pose désormais la question du mal-être personnel, souvent invisible, chez des responsables politiques exposés à une pression constante. Olivier Marleix n’avait jamais laissé entrevoir publiquement de détresse, mais son geste laisse entendre une souffrance profonde, que ses proches peinent aujourd’hui à comprendre.
Sa disparition intervient dans un contexte politique tendu, entre remaniements, crise de confiance dans les institutions et recompositions internes au sein de la droite. Si les raisons personnelles de son acte ne relèvent pas du débat public, son geste interroge sur l’isolement que peuvent parfois vivre certains élus, même les plus expérimentés.
L’héritage politique d’Olivier Marleix à saluer
Au-delà de l’émotion, nombreux sont ceux qui rappellent aujourd’hui l’importance du travail parlementaire de Marleix. Il laisse l’image d’un homme droit, fidèle à ses valeurs, artisan d’un dialogue exigeant mais respectueux. Dans une époque marquée par les invectives, son style sobre et réfléchi tranchait.
Son départ laisse un vide dans son département, à l’Assemblée, et dans son parti. Il incarne aussi, pour beaucoup, une certaine idée de la politique, faite de rigueur, de constance et de loyauté. En ces jours de deuil, c’est cette mémoire-là que ses collègues et adversaires s’attachent à préserver.