Au Bataclan, une œuvre de Banksy sème la discorde

 

Une œuvre de Banksy, en hommage aux victimes du Bataclan, oppose actuellement la Ville de Paris aux propriétaires de la salle de spectacle. Les deux parties réclament la prossession de ce pochoir exécuté en 2018 par l’artiste britannique.

La mairie de Paris et les propriétaires du Bataclan se disputent depuis un bon moment une œuvre de Banksy. Il s’agit de La jeune fille triste (The sad young girl), un pochoir peint en 2018 par le virtuose et anonyme street artist britannique en hommage aux 90 victimes des attentats du 13 novembre 2015. Il y a quelques mois, la justice avait donné raison aux maîtres des lieux, mais les avocats de la Ville de Paris ont déposé cette semaine un pourvoi en cassation. Ils contestent la décision d’attribuer l’œuvre à des particuliers, qui ignorerait sa valeur intrinsèque. Ils craignent que la peinture ne soit revendue, échappant ainsi au patrimoine public. On estime sa valeur actuelle entre cinq cent mille et un million d’euros.

Un morceau de la mémoire des victimes

La municipalité estime que cette œuvre en forme de porte devrait être intégrée au sein d’un musée érigé en l’honneur des victimes des attentats. Elle explique que le refus de la lui rendre priverait les victimes d’un pan de leur mémoire. Elle défend au passage le caractère indissociable du pochoir et de l’institution du Bataclan. Du côté des propriétaires de l’immeuble, on brandit le fait que cette porte gravée constitue un accessoire du bâtiment par nature. Or, qui possède cet immeuble, doit également détenir cette porte. Une opinion partagée par le juge et la cour d’appel. Après l’avoir un temps placée sous scellée, ce magistrat avait choisi de rendre La jeune fille triste en mars 2021, considérant qu’elle faisait partie intégrante du site. Il rejetait ainsi l’idée première d’objet d’art et de mémoire avancée par la Ville de Paris.

Banksy, le véritable propriétaire dans l’ombre

Pour rappel, cette peinture avait été volée en janvier 2019 par trois hommes masqués. Ces bandits avait réussi à la subtiliser en se servant d’un pied-de-biche et d’une meuleuse. L’œuvre a été heureusement retrouvée dans la grange d’une ferme en Italie, en juin 2020. C’était au cours d’une opération menée conjointement par des policiers français et des carabiniers italiens. Les autorités transalpines avaient ensuite restitué officiellement le pochoir à la France, via son ambassade à Rome.

Quant aux présumés auteurs du vol, ils seront présentés au tribunal correctionnel de Paris en juin pour vol aggravé et recel de vol aggravé. Notons que la querelle entre la mairie de Paris et les propriétés de la salle de spectacle peut paraître un peu surprenante. En effet, le véritable auteur de l’œuvre vit, mais dans l’ombre. Banksy a choisi de rester dans l’anonymat depuis le début. Ce côté mystérieux ajoute à sa notoriété. L’artiste britannique est reconnu comme celui qui a donné à son art ses lettres de noblesses. Alors que les œuvres du street art étaient jusqu’ici perçues comme des dégradations de l’espace public.

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