Coupe de France : Pourquoi le FC Sochaux a conservé sa part de la recette face à Béthune
La Coupe de France se nourrit de ses traditions autant que de ses symboles. Parmi eux, celui du « geste » du club professionnel envers son adversaire amateur reste solidement ancré dans l’imaginaire collectif. Samedi soir, à l’issue du 32e de finale disputé à Béthune, ce principe tacite a pourtant volé en éclats. Le FC Sochaux-Montbéliard a choisi de conserver sa part de la recette, provoquant l’incompréhension, voire la colère, du club nordiste.
Dans le camp béthunois, la déception est d’autant plus vive que le match avait tout d’une fête populaire. Une affiche de Coupe, un stade plein et un adversaire prestigieux venu du monde professionnel. En conférence de presse, l’entraîneur local Jean-Guy Wallemme affichait encore le sourire après la rencontre. Mais l’ambiance s’est rapidement tendue lorsqu’il a appris que Sochaux n’entendait pas renoncer à sa part des recettes. Dans la presse régionale, le technicien a dénoncé ce qu’il considère comme un manque d’élégance, estimant qu’un club professionnel, de surcroît qualifié, se devait d’avoir un comportement exemplaire.
Ces propos n’ont pas tardé à faire réagir dans le Doubs. Le président sochalien Clément Calvez a tenu à replacer la décision dans son contexte économique. Si Sochaux conserve son statut professionnel, le club évolue aujourd’hui en National, un championnat aux équilibres financiers fragiles, où les marges de manœuvre sont quasi inexistantes. « Beaucoup sous-estiment la réalité de cette division », regrette-t-il, rappelant que la majorité des clubs y luttent pour leur survie.
Selon les chiffres communiqués par le FCSM, la part de recette concernée dépasse légèrement les 6 000 euros. Une somme qui, à première vue, peut sembler modeste, mais qui n’aurait pas suffi à couvrir les frais engendrés par le déplacement jusqu’à Béthune : transport en bus, nuit d’hôtel, restauration et logistique. Pour la direction sochalienne, conserver cette recette relève donc davantage de la gestion responsable que d’un calcul opportuniste.
La situation tranche cependant avec les précédents tours. Face à Audincourt, Pont-de-Roide, Pontarlier ou encore Sarre-Union, Sochaux avait choisi de laisser l’intégralité de sa part aux clubs amateurs. Une générosité assumée, que le président explique par une logique de soutien au football régional et aux clubs voisins. « Il y avait une cohérence territoriale », souligne-t-il, estimant que le cas de Béthune, situé à plusieurs centaines de kilomètres, ne relevait pas de la même démarche.
Le contexte interne du club pèse également lourd dans la balance. Sochaux a récemment traversé une période de restructuration douloureuse, marquée par des suppressions de postes et des discussions avec Pays de Montbéliard Agglomération pour alléger le loyer du stade Bonal. Dans ce cadre, renoncer à plusieurs milliers d’euros aurait envoyé, selon la direction, un signal contradictoire.
Reste que le règlement est clair : laisser sa part de la recette n’a rien d’obligatoire. Il s’agit d’un usage, non d’une règle. La saison passée, le Clermont Foot 63 n’avait d’ailleurs pas hésité à repartir du stade Bonal avec près de 40 000 euros après son élimination en 32es de finale. Une piqûre de rappel qui montre que, même en Coupe de France, la tradition se heurte parfois à la dure réalité économique.
